conte du maroc
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29042008
conte du maroc
L’homme, la vipère et le hérisson
Dans ce conte marocain, une vipère demande des comptes à un homme et en appelle au jugement des animaux, qui ne sont pas tendres avec lui. Seul le hérisson rend un jugement favorable, dont l'homme aurait bien fait de tenir compte, on le comprendra à la fin....
C'est l'histoire d'un homme qui était en déplacement. Arrivé au bord d'un ruisseau, voilà qu'il trouva une vipère.
Eh l'homme, lui dit-elle, je vous en conjure, faites-moi passer.
C'est ça, ma bonne dame, fit le voyageur, je m'en vais vous faire passer et alors vous ne voudrez plus descendre.
Pour sûr, protesta-t-elle, je vous en fais la promesse solennelle.
C'est entendu, dit-il, où vais-je vous mettre ?
Jetez-moi simplement sur votre épaule. Il la prit donc sur son épaule. Et quand il l'eut fait passer, elle ne voulut plus descendre.
Elle lui signifiait qu'elle le citait en justice :
Nous allons soumettre notre litige au chameau que voilà, lui dit-elle. Le chameau, lui, était vieux ; il ne se levait plus.
Sil me condamne à descendre, ajouta-t-elle, je descendrai ; s'il vous condamne à me porter, vous ne porterez.
Quand ils furent près du chameau, elle dit à celui-ci :
Pour ce qui est de ce fils d'Adam, partout où il me trouve, il me tue. Et vous, maintenant, comment allez-vous trancher entre nous ?
Faites- lui un nœud coulant, dit le chameau. Tant que j'étais en bonne santé et que je transportais de lourdes charges, je vivais dans l'intimité de l'homme. Maintenant que j'ai perdu la santé, eh bien vous voyez dans quel état il m'a abandonné.
Ils partirent et se rendirent auprès d'un cheval.
Voilà, lui dit la vipère, je vous ai amené cet individu, pour que vous nous fassiez justice.
Il n'y a pas d'autre justice pour lui, dit le cheval, que celle-là même que vous lui avez faite là. Au temps où j'étais en bonne santé, il m'avait confectionné une selle et des rênes brodées, et il me faisait ferrer en temps utile ; et j'avais droit à toute sorte de fourrages et à tout ce qui me faisait besoin. Je le sauvais du milieu de l'ennemi et le ramenais dans le camp ami. Maintenant que j'ai perdu la santé, eh bien vous voyez dans quel état l'homme m'a abandonné. Serrez lui le nœud coulant à lui en faire jaillir les yeux des orbites.
En voilà deux, dit la vipère à l'homme, à qui nous avons soumis notre différend. Chez qui voulez-vous encore aller ?
Je ne vous en demande plus qu'un seul, dit-il.
C'est entendu, accorda-t-elle, mais à quelque personne que nous nous adressions, vous trouverez dans son arbitrage les conséquences de votre comportement.
Ils se rendirent chez le hérisson.
Pour l'amour de Dieu, chef, dit l'homme, il faut que vous me rendiez justice avec cette créature. Elle m'a demandé de lui faire passer le ruisseau. Je l'ai fait. Elle ne veut plus descendre.
Vos lois ne sont pas les miennes, dit le hérisson.
Et pourquoi n'avez-vous pas les mêmes lois que nous ? demanda la vipère.
Parce que, dit-il.
Non, non, insista la vipère, prenez la décision qui vous semblera bonne, et faites nous la savoir.
C'est que, dit le hérisson, les gens du ciel, ceux de la terre n'ont pas à les juger.
C'est donc à moi que vous faites allusion ? demanda la vipère.
Parfaitement, dit le hérisson, si en effet vous voulez obtenir justice, il vous faut descendre à terre afin que je prononce ma sentence. Et après, vous ferez comme il vous semblera bon. Elle descendit donc.
Et maintenant, lança le hérisson à l'homme, voilà le vivant par terre et vous, vous avez la mort dans la main. Qu'est-ce que vous attendez d'autre ? L'homme aussitôt frappa la vipère et la tua.
Quand il l'eut tuée, il se pencha sur le hérisson et lui dit :
Je m'en vais t'emporter pour te donner à des gamins.
Est-ce vraiment indispensable que j'aille avec toi ? demanda le hérisson. Absolument, dit l'homme.
Au nom du ciel, supplia le hérisson, c'est que j'ai des enfants, et tu connais bien les droits qu'ils ont sur nous. En quelque état que je les laisse, c'est ainsi qu'ils resteront. Il faut que tu m'accompagnes pour passer les voir.
D'accord, fit l'homme et il partit avec lui.
Ils arrivèrent à l'entrée d'un terrier dans lequel il y avait une vipère.
Je t'en prie, dit le hérisson, il faut que tu m'aides. C'est que mes enfants sont assez désobéissants. Il suffit que je leur dise : "Allez", pour qu'ils me fassent des difficultés pour sortir. Toi, barre-leur la route, et le premier qui sort tu l'attraperas.
Le hérisson entra dans le terrier. Quand il arriva auprès de la vipère, il se roula en boule et piqua la vipère.
L'homme, de son côté, se coucha complètement sur le ventre et se mit à observer attentivement la venue des petits du hérisson.
Quant à la vipère, dès qu'elle sortit, elle tomba sur l'homme qui était là à guetter. Et elle le mordit. Le hérisson, qui la suivait, eut la surprise de constater qu'elle en avait déjà terminé avec lui.
Et voilà, s'écria-t-il , comment on joue un bon tour à quelqu'un !
Moralité : l’homme finit toujours par payer le prix de son égoïsme
Dans ce conte marocain, une vipère demande des comptes à un homme et en appelle au jugement des animaux, qui ne sont pas tendres avec lui. Seul le hérisson rend un jugement favorable, dont l'homme aurait bien fait de tenir compte, on le comprendra à la fin....
C'est l'histoire d'un homme qui était en déplacement. Arrivé au bord d'un ruisseau, voilà qu'il trouva une vipère.
Eh l'homme, lui dit-elle, je vous en conjure, faites-moi passer.
C'est ça, ma bonne dame, fit le voyageur, je m'en vais vous faire passer et alors vous ne voudrez plus descendre.
Pour sûr, protesta-t-elle, je vous en fais la promesse solennelle.
C'est entendu, dit-il, où vais-je vous mettre ?
Jetez-moi simplement sur votre épaule. Il la prit donc sur son épaule. Et quand il l'eut fait passer, elle ne voulut plus descendre.
Elle lui signifiait qu'elle le citait en justice :
Nous allons soumettre notre litige au chameau que voilà, lui dit-elle. Le chameau, lui, était vieux ; il ne se levait plus.
Sil me condamne à descendre, ajouta-t-elle, je descendrai ; s'il vous condamne à me porter, vous ne porterez.
Quand ils furent près du chameau, elle dit à celui-ci :
Pour ce qui est de ce fils d'Adam, partout où il me trouve, il me tue. Et vous, maintenant, comment allez-vous trancher entre nous ?
Faites- lui un nœud coulant, dit le chameau. Tant que j'étais en bonne santé et que je transportais de lourdes charges, je vivais dans l'intimité de l'homme. Maintenant que j'ai perdu la santé, eh bien vous voyez dans quel état il m'a abandonné.
Ils partirent et se rendirent auprès d'un cheval.
Voilà, lui dit la vipère, je vous ai amené cet individu, pour que vous nous fassiez justice.
Il n'y a pas d'autre justice pour lui, dit le cheval, que celle-là même que vous lui avez faite là. Au temps où j'étais en bonne santé, il m'avait confectionné une selle et des rênes brodées, et il me faisait ferrer en temps utile ; et j'avais droit à toute sorte de fourrages et à tout ce qui me faisait besoin. Je le sauvais du milieu de l'ennemi et le ramenais dans le camp ami. Maintenant que j'ai perdu la santé, eh bien vous voyez dans quel état l'homme m'a abandonné. Serrez lui le nœud coulant à lui en faire jaillir les yeux des orbites.
En voilà deux, dit la vipère à l'homme, à qui nous avons soumis notre différend. Chez qui voulez-vous encore aller ?
Je ne vous en demande plus qu'un seul, dit-il.
C'est entendu, accorda-t-elle, mais à quelque personne que nous nous adressions, vous trouverez dans son arbitrage les conséquences de votre comportement.
Ils se rendirent chez le hérisson.
Pour l'amour de Dieu, chef, dit l'homme, il faut que vous me rendiez justice avec cette créature. Elle m'a demandé de lui faire passer le ruisseau. Je l'ai fait. Elle ne veut plus descendre.
Vos lois ne sont pas les miennes, dit le hérisson.
Et pourquoi n'avez-vous pas les mêmes lois que nous ? demanda la vipère.
Parce que, dit-il.
Non, non, insista la vipère, prenez la décision qui vous semblera bonne, et faites nous la savoir.
C'est que, dit le hérisson, les gens du ciel, ceux de la terre n'ont pas à les juger.
C'est donc à moi que vous faites allusion ? demanda la vipère.
Parfaitement, dit le hérisson, si en effet vous voulez obtenir justice, il vous faut descendre à terre afin que je prononce ma sentence. Et après, vous ferez comme il vous semblera bon. Elle descendit donc.
Et maintenant, lança le hérisson à l'homme, voilà le vivant par terre et vous, vous avez la mort dans la main. Qu'est-ce que vous attendez d'autre ? L'homme aussitôt frappa la vipère et la tua.
Quand il l'eut tuée, il se pencha sur le hérisson et lui dit :
Je m'en vais t'emporter pour te donner à des gamins.
Est-ce vraiment indispensable que j'aille avec toi ? demanda le hérisson. Absolument, dit l'homme.
Au nom du ciel, supplia le hérisson, c'est que j'ai des enfants, et tu connais bien les droits qu'ils ont sur nous. En quelque état que je les laisse, c'est ainsi qu'ils resteront. Il faut que tu m'accompagnes pour passer les voir.
D'accord, fit l'homme et il partit avec lui.
Ils arrivèrent à l'entrée d'un terrier dans lequel il y avait une vipère.
Je t'en prie, dit le hérisson, il faut que tu m'aides. C'est que mes enfants sont assez désobéissants. Il suffit que je leur dise : "Allez", pour qu'ils me fassent des difficultés pour sortir. Toi, barre-leur la route, et le premier qui sort tu l'attraperas.
Le hérisson entra dans le terrier. Quand il arriva auprès de la vipère, il se roula en boule et piqua la vipère.
L'homme, de son côté, se coucha complètement sur le ventre et se mit à observer attentivement la venue des petits du hérisson.
Quant à la vipère, dès qu'elle sortit, elle tomba sur l'homme qui était là à guetter. Et elle le mordit. Le hérisson, qui la suivait, eut la surprise de constater qu'elle en avait déjà terminé avec lui.
Et voilà, s'écria-t-il , comment on joue un bon tour à quelqu'un !
Moralité : l’homme finit toujours par payer le prix de son égoïsme
Invité- Invité
conte du maroc :: Commentaires
On raconte que, pour fuir un lion, un homme se dirigea vers un arbre, il y grimpa et fut surpris, là-haut, de voir un ours cueillir des fruits.
Le lion, parvenu à l’arbre, se coucha à son pied, attendant que l’homme descende.
Quand l’ours vit l’homme, il lui fit des signes avec sa patte sur le museau, comme pour lui signifier :
-« Ne dis rien afin que le lion ne s’aperçoive pas de ma présence.»
Perplexe, l’homme ne savait que faire...Ayant sur lui un petit couteau, il se mit à tailler la branche sur laquelle était l’ours. Une fois la branche rognée, l’ours tomba ; le lion se précipita sur lui et ils se mirent à se battre...
Puis le lion eut le dessus, et dévora l’ours.
Rassasié, il quitta les lieux, et l’homme put ainsi repartir sain et sauf, avec la permission de Dieu
Le lion, parvenu à l’arbre, se coucha à son pied, attendant que l’homme descende.
Quand l’ours vit l’homme, il lui fit des signes avec sa patte sur le museau, comme pour lui signifier :
-« Ne dis rien afin que le lion ne s’aperçoive pas de ma présence.»
Perplexe, l’homme ne savait que faire...Ayant sur lui un petit couteau, il se mit à tailler la branche sur laquelle était l’ours. Une fois la branche rognée, l’ours tomba ; le lion se précipita sur lui et ils se mirent à se battre...
Puis le lion eut le dessus, et dévora l’ours.
Rassasié, il quitta les lieux, et l’homme put ainsi repartir sain et sauf, avec la permission de Dieu
wow la morale de ton histoire n'est pas super top je trouve....
je m'explique, pour moi ce récit fait l'apologie de la trahison envers un innocent(ici l'ours).
sacrifier quelqu'un qui n'a rien a voir dans l'histoire a la base juste pour que ce "satané" animal qu'est l'homme puisse avoir tout loisir de détruire, démolir etc etc autour de lui sans avoir de compte a rendre...
houla je m'égare la, vite je remonte dans ma bulle
je m'explique, pour moi ce récit fait l'apologie de la trahison envers un innocent(ici l'ours).
sacrifier quelqu'un qui n'a rien a voir dans l'histoire a la base juste pour que ce "satané" animal qu'est l'homme puisse avoir tout loisir de détruire, démolir etc etc autour de lui sans avoir de compte a rendre...
houla je m'égare la, vite je remonte dans ma bulle
Le voleur et le radis
Ecrit le dimanche 15 avril 2007.
"Au voleur ! au voleur ! crie le père Bouchta. On a vidé mon silo ! Il ne me reste plus un seul grain d’orge !" Tous les gens du douar accourent et plaignent le malheureux." IL faut tout de suite chercher le voleur, disent-ils ; nous t’accompagnerons chez le caïd."
Tout le monde parle à la fois. " Silence ! crie le caïd. avez-vous vu quelqu’un s’approcher du silo de Bouchta ? avez-vous entendu les chiens aboyer cette nuit ?...Non ? Alors le voleur n’est pas un étranger, c’est l’un de vous. Que le coupable dise tout de suite la vérité. "
Mais tous les gens du douar jurent qu’ils n’ont pas volé l’orge du père Bouchta. "Je suis allé à un mariage au douar voisin, dit Moha ; en revenant, j’ai vu l’âne de Sliman prés du silo." Sliman jure que c’est faux.
"Bon, dit le caïd. Allez chercher le taleb. C’est un homme juste et qui a beaucoup étudié. Nous apprendrons bientôt la vérité."
Le vieux taleb interroge l’un après l’autre les gens du douar ; il hoche la tête un moment en caressant sa barbe, puis il dit : " Le coupable est parmi vous ; demain matin , il faudra qu’il avoue. Venez tous à la mosquée quand la nuit tombera."
La nuit venue, le taleb arrive à la mosquée ; tous les gens sont déjà là. Il donne à chacun un long radis rose. "pourquoi faire ?" demande Moha à son voisin. " Vous allez garder ces radis toute la nuit dans la bouche ; ce sont des radis magiques, explique le taleb. Ils sont tous de même longueur maintenant ; mais demain, le radis du coupable sera devenu plus long. Que personne ne sorte ; je reviendrai avec le caïd demain, de bonne heure, pour mesurer les radis !"
Le taleb parti, les habitants du douar se regardent inquiets, roulant les yeux, la bouche déformée par le radis. "Je sais bien, se dit chacun d’eux, que je suis innocent, mais le radis ne va-t-il pas s’allonger tout de même ? Alors personne ne me croira, et le caïd me punira sans pitié." Moha est encore moins tranquille que les autres, car le coupable, c’est lui, et il craint déjà la punition qu’il mérite. Mais tout à coup un sourire éclaire son visage ; il sait comment tromper le taleb.
"Le vieux taleb est un sot, murmure-t-il entre ses dents. Je ne me laisserai pas accuser par ce radis du diable. Quand je le sentirai grandir dans ma bouche, j’en couperai avec mes dents un morceau que j’avalerai ; et demain mon radis ne sera pas plus long que les autres. Et s’il est plus court, le taleb croira que tous mes voisins sont coupables et que, moi seul, je suis innocent.
Moha coupe donc un tout petit bout du radis et, ce petit bout, il l’avale. Au milieu de la nuit, il croit sentir le radis s’allonger entre ses lèvres ; un nouveau coup de dents ; encore un morceau avalé. Quand il entend les pas du taleb et du caïd, à l’heure de la première prière, vite, il croque une dernière rondelle.
Le taleb pose sur le sol un radis pareil à ceux qu’il a distribués la veille ; et à côté, chacun vient aligner le sien. Tous les radis ont même longueur, sauf celui de Moha, qui est beaucoup plus court. Le taleb sourit dans sa barbe, "j’ai dit hier : Le radis s’allongera. Eh bien ! non, au contraire, il est devenu plus court. Le voleur c’est Moha. -Pardon ! pardon !" crie Moha en se jetant aux pieds du caïd, qui le repousse. "Pas de pitié pour toi. Tu as volé le père Bouchta,et tu as accusé Sliman. Tu es un voleur et un menteur. Tu rendras l’orge et tu resteras trois mois en prison."
Moralité : N’est sot que celui qui croit que tous les autres sont des sots !
Ecrit le dimanche 15 avril 2007.
"Au voleur ! au voleur ! crie le père Bouchta. On a vidé mon silo ! Il ne me reste plus un seul grain d’orge !" Tous les gens du douar accourent et plaignent le malheureux." IL faut tout de suite chercher le voleur, disent-ils ; nous t’accompagnerons chez le caïd."
Tout le monde parle à la fois. " Silence ! crie le caïd. avez-vous vu quelqu’un s’approcher du silo de Bouchta ? avez-vous entendu les chiens aboyer cette nuit ?...Non ? Alors le voleur n’est pas un étranger, c’est l’un de vous. Que le coupable dise tout de suite la vérité. "
Mais tous les gens du douar jurent qu’ils n’ont pas volé l’orge du père Bouchta. "Je suis allé à un mariage au douar voisin, dit Moha ; en revenant, j’ai vu l’âne de Sliman prés du silo." Sliman jure que c’est faux.
"Bon, dit le caïd. Allez chercher le taleb. C’est un homme juste et qui a beaucoup étudié. Nous apprendrons bientôt la vérité."
Le vieux taleb interroge l’un après l’autre les gens du douar ; il hoche la tête un moment en caressant sa barbe, puis il dit : " Le coupable est parmi vous ; demain matin , il faudra qu’il avoue. Venez tous à la mosquée quand la nuit tombera."
La nuit venue, le taleb arrive à la mosquée ; tous les gens sont déjà là. Il donne à chacun un long radis rose. "pourquoi faire ?" demande Moha à son voisin. " Vous allez garder ces radis toute la nuit dans la bouche ; ce sont des radis magiques, explique le taleb. Ils sont tous de même longueur maintenant ; mais demain, le radis du coupable sera devenu plus long. Que personne ne sorte ; je reviendrai avec le caïd demain, de bonne heure, pour mesurer les radis !"
Le taleb parti, les habitants du douar se regardent inquiets, roulant les yeux, la bouche déformée par le radis. "Je sais bien, se dit chacun d’eux, que je suis innocent, mais le radis ne va-t-il pas s’allonger tout de même ? Alors personne ne me croira, et le caïd me punira sans pitié." Moha est encore moins tranquille que les autres, car le coupable, c’est lui, et il craint déjà la punition qu’il mérite. Mais tout à coup un sourire éclaire son visage ; il sait comment tromper le taleb.
"Le vieux taleb est un sot, murmure-t-il entre ses dents. Je ne me laisserai pas accuser par ce radis du diable. Quand je le sentirai grandir dans ma bouche, j’en couperai avec mes dents un morceau que j’avalerai ; et demain mon radis ne sera pas plus long que les autres. Et s’il est plus court, le taleb croira que tous mes voisins sont coupables et que, moi seul, je suis innocent.
Moha coupe donc un tout petit bout du radis et, ce petit bout, il l’avale. Au milieu de la nuit, il croit sentir le radis s’allonger entre ses lèvres ; un nouveau coup de dents ; encore un morceau avalé. Quand il entend les pas du taleb et du caïd, à l’heure de la première prière, vite, il croque une dernière rondelle.
Le taleb pose sur le sol un radis pareil à ceux qu’il a distribués la veille ; et à côté, chacun vient aligner le sien. Tous les radis ont même longueur, sauf celui de Moha, qui est beaucoup plus court. Le taleb sourit dans sa barbe, "j’ai dit hier : Le radis s’allongera. Eh bien ! non, au contraire, il est devenu plus court. Le voleur c’est Moha. -Pardon ! pardon !" crie Moha en se jetant aux pieds du caïd, qui le repousse. "Pas de pitié pour toi. Tu as volé le père Bouchta,et tu as accusé Sliman. Tu es un voleur et un menteur. Tu rendras l’orge et tu resteras trois mois en prison."
Moralité : N’est sot que celui qui croit que tous les autres sont des sots !
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